Nous voulons tous vivre le plus longtemps possible dans nos foyers, où se trouvent tous nos repères et souvenirs. Imaginez votre ressenti si quelqu’un venait soudainement vous dire de quitter votre maison pour vivre dans un endroit inconnu, contre votre volonté. Impensable, n’est-ce-pas? C’est pourtant ce que ressent votre parent à l’idée de quitter son foyer.
Discuter d’une installation en maison de retraite/EHPAD avec un parent âgé est donc extrêmement difficile. Résistance, voire refus catégorique est souvent l’issue de cette conversation.
Bien qu’âgé, votre parent est un adulte capable de prendre des décisions seul. Son consentement est donc obligatoire pour son entrée en maison de retraite (sauf cas particuliers d’incapacité). Il n’est pas question de forcer un placement en maison de retraite.
Comment parler avec son parent des dangers liés à son maintien à domicile, alors que sa santé est fragile et qu’il dépend de plus en plus d’aides extérieures? Comment le convaincre qu’un emménagement dans une maison de retraite serait positif pour son bien être physique et mental? Que faire lorsque son parent refuse de quitter son logement et de déménager? Bref, comment convaincre son parent d’emménager en maison de retraite?
Soyons honnêtes tout de suite, dans cet article, nous n’allons pas vous donner de recette miracle. La raison est simple, il n’y en a pas. La bonne approche n’est pas universelle. Elle est unique comme vous et votre proche. Cependant, nous allons vous partager quelques conseils qui pourront vous être utiles dans votre démarche.
Changer de perspective pour comprendre votre parent âgé.
Nous savons combien les tensions peuvent être présentes entre parent et enfant lorsque le sujet de la maison de retraite est abordé. Il est alors temps de prendre du recul et de changer de perspective. N’agissez plus en tant qu’enfant inquiet pour votre parent, mais placez-vous à sa hauteur. Pour cela, prenez le temps de discuter avec votre parent de sa perte d’autonomie. Installez vous confortablement avec lui et écoutez-le. Ne soyez pas dans le conflit, ayez une conversation saine avec beaucoup d’empathie. Chez Renée Andrée, nous connaissons notre client, ses peurs, ses envies, son histoire. C’est ce qui nous permet d’agir au mieux pour lui. Nous vous invitons à faire de même avec votre parent. Il faut se mettre à sa place et comprendre ce qu’il ressent. Chaque personne est différente, a son vécu et des raisons propres liées au refus d’emménager en maison de retraite. Comprendre ses blocages va vous permettre de trouver une solution adaptée et de dépasser ses peurs.
Quelles peuvent être les peurs et blocages de votre parent?
Votre proche ne va peut être pas vous exprimer ses peurs clairement. Il n’en n’a peut être pas conscience lui même. Ce sera à vous de lire entre les lignes, suite à votre discussion.
La peur de quitter sa maison.
C’est faire le deuil d’une vie. La maison est le lieu qui réunit tous nos souvenirs, où les enfants ont grandi. C’est une décision émotionnelle très difficile à prendre. Vous l’aurez compris, cela demande du temps. Il faut avancer étape par étape, jusqu’à l’acceptation.
La peur du changement.
Votre parent a sa routine, ses voisins, ses habitudes. Changer cela à un âge avancé bouleverse tout le quotidien. C’est difficile. Votre parent a peur de perdre le contrôle sur sa vie. Il sait ce qu’il va perdre mais ne sait pas ce qu’il va gagner. De plus, devoir reprendre de nouvelles habitudes de vie est épuisant émotionnellement et physiquement. Cette idée entraine un certain découragement.
Montrez lui que vous serez là à chaque étape, qu’il ne sera pas seul et que le changement peut être positif. Une nouvelle vie l’attend.
La peur de perdre son indépendance et sa liberté.
Votre parent voit certainement la maison de retraite comme une prison. De plus, il a sans doute des préjugés sur les maisons de retraite. A vous de lui prouver qu’au contraire, il gagnera en liberté. Dans un lieu sécurisé et encadré, il sera moins anxieux et pourra profiter pleinement. La vraie prison est peut être sa maison d’où il ne peut plus sortir et qui n’est plus adaptée à ses besoins.
La peur de de se rapprocher un peu plus de la mort.
La maison de retraite peut être vue comme un lieu d’attente ou de passage avant la mort. Ici aussi, il faut lui expliquer qu’au contraire, c’est une nouvelle étape dans sa vie. Activités et rencontres l’attendent en maison de retraite. C’est avant tout un lieu de vie.
La peur d’être rejeté, abandonné par ses enfants, sa famille.
Votre parent pense surement que si on le pousse en maison de retraite c’est parce qu’on ne veut plus de lui. Il se sent alors comme un fardeau pour toute la famille. Personne ne souhaite être écarté de sa famille et souffrir de solitude. A vous de le rassurer, en lui expliquant que toute la famille pourra lui rendre visite et qu’il pourra aussi sortir pour assister aux réunions familiales, comme avant.
L’incapacité de voir sa perte d’autonomie et son âge.
Pour beaucoup, l’âge physique ne reflète pas l’âge mental. Nous nous sentons plus jeunes. C’est aussi le cas chez les personnes âgées. Une personne âgée ne se sent pas âgée et ne voit donc pas sa perte d’autonomie. Ce qui est d’autant plus dangereux.
Nous avons, par exemple, un client de 89 ans qui a une santé de fer et qui se sent très jeune dans la tête. Il conduit, il jardine et fait son ménage, seul. Il ne se projette pas dans maladie ou dans une perte d’autonomie. Il a la sensation d’avoir encore beaucoup de temps devant lui pour penser à cela. C’est positif parce qu’il fait des projets et cela maintient sa santé mais, c’est aussi dangereux car il ne voit pas ses limites. Il est déjà tombé dans son jardin lorsqu’il était seul. Il est resté allongé sur le sol plus de quatre heures…
Evaluer toutes les options possibles: l’emménagement en maison de retraite doit être le dernier recours.
Avant d’intégrer une personne âgée en maison de retraite, il faut être certain d’avoir épuisé toutes les options à disposition.
Pour cela, identifier d’abord les raisons du déménagement. Les raisons identifiées, trouver des solutions adaptées qui permettront à votre parent de rester chez lui. Avec vos ressources personnelles (financières, humaines, techniques) et les aides publiques, un aménagement du logement est sans doute préférable à un déménagement non souhaité. Le but est de trouver un compromis entre les souhaits de votre parent et vos priorités concernant sa sécurité.
L’importance de l’intégration au projet.
Peut-on forcer une personne âgée à entrer dans un EHPAD? Non, légalement vous ne pouvez pas forcer votre parent à entrer dans une maison de retraite (sauf cas d’incapacité). Son consentement est obligatoire. Et, honnêtement, c’est une bonne chose. Votre parent est un être humain avec une dignité. Il mérite le respect. Placer son parent en maison de retraite est une décision très difficile à prendre, lourde de culpabilité. Sans son consentement, votre relation serait irrémédiablement entaché.
Vous devez donc faire votre possible pour que votre parent se sente aux commandes de sa vie et de cette décision (n’oubliez pas la peur du changement/la peur de perdre le contrôle). Comme évoqué plus haut, votre parent est un adulte, apte à prendre ses propres décisions. Vous devez l’intégrer et l’impliquer au projet dès le début. Son implication est primordiale. C’est l’acteur principal du projet. Il doit prendre part aux nombreuses décisions qu’implique ce déménagement, à commencer par sa volonté de partir ou non en établissement.
N’inversez donc pas les rôles. Vous êtes l’enfant et pas le parent. Ne cherchez pas à l’infantiliser. Ce n’est vraiment pas agréable de voir les rôles s’inverser autant pour lui que pour vous.
Si vous lui parler de la maison de retraite comme d’une décision déjà prise et irrévocable, vous ne ferez que l’angoisser et le braquer encore plus. Il doit avoir le contrôle sur la prise de décision et prendre part au projet pour en voir les bénéfices. L’intégrer au projet lui fera comprendre que cette décision est pour son bien être et sa sécurité. Vous ne le faites pas pour vous mais pour lui. Vous lui souhaitez le meilleur et ne cherchez pas à régir sa vie.
Si vous organisez une réunion de famille, faites donc attention à ce que cela ne toune pas en intervention. Au contraire, profitez de cette réunion pour que chacun exprime ses inquiétudes quant à la situation actuelle et ses espoirs quant au déménagement.
Honnêteté et communication sont la clef.
Il faut être honnête sur ce que son maintien à domicile implique pour vous: stress, charge mentale, manque de temps. Votre parent ne voudra pas être un fardeau. Si le poids de son maintien à domicile devient trop lourd pour vous, il faut lui en parler.
Votre parent ne se rend pas forcement compte du temps et de l’organisation qu’il faut pour lui assurer une certaine qualité de vie à domicile.
Si la moindre visite engendre organisation et dispute ce n’est pas la solution, ni pour vous, ni pour lui. Faites lui comprendre que vous voulez passez des moments agréables en sa compagnie, des moments de qualité, et que ce n’est plus possible en l’état.
Profitez-en pour lui faire prendre conscience de la réalité. Vous vous inquiétez pour lui constamment. Vous avez peur de décrocher le téléphone quand le numéro d’une aide à domicile s’affiche. Si votre proche est tombé alors qu’il était seul, utiliser ce malheureux incident pour lui faire prendre conscience des dangers de vivre seul et que dans une maison de retraite, il serait accompagné constamment et que vous seriez rassuré.
Insistez sur les bénéfices et la tranquillité d’esprit que cet emménagement va vous apporter à tous les deux: sécurité, accompagnement, activité, repas équilibrés, vie sociale.
Effacer les préjugés et changer sa vision de la maison de retraite.
Soyons honnêtes, certaines personnes ont une vision tronqué de la maison de retraite. Surtout les personnes âgées qui ont connu l’époque des hospices.
Il faut donc montrer à votre proche que la maison de retraite a depuis, bien changé. L’entrée dans un EHPAD lui rendra la vie plus facile et agréable. C’est un véritable lieu de vie où il pourra créer des liens sociaux avec d’autres personnes. La solitude et l’ennui seront derrière lui en intégrant une maison de retraite. A cette fin:
Visitez ensemble plusieurs maisons de retraite.
Sélectionner ensemble quelques maisons de retraite, en fonction de ses préférences et aller les visiter ensemble. Aujourd’hui, les maisons de retraite offrent de nombreux services et activités, même des sorties. Si votre proche voit de lui même que la maison de retraite est un lieu de vie et non pas un lieu d’attente, il pourrait changer d’avis. Ne le forcez pas, s’il ne souhaite pas en visiter. Changer de sujet et réessayer à un moment plus propice.
Contactez vos connaissances.
Rechercher dans votre entourage et dans celui de vos parents des seniors déjà en maison de retraite. Les parents de vos amis ? Les amis de vos parents? Pourquoi ne pas leur rendre visite ou leur passer un coup de fil? Avoir le ressenti d’autres résidents, que l’on connait, est peut être mieux qu’une simple visite. Vous pourrez peut être trouver une place dans le même établissement que cette connaissance. Votre proche se sentira alors plus en confiance si une tête familière est déjà présente.
Profitez d’un séjour temporaire
Du plus court au plus long:
- Vous pouvez partager un repas ou une activité au sein d’une maison de retraite. Cela permettra de s’imprégner de l’ambiance et de discuter avec les autres résidents.
- Découvrir une maison de retraite via un accueil de jour, une fois ou plusieurs fois par semaine est aussi une bonne idée. Il peut s’agir d’une demi journée ou d’une journée complète.
- L’hébergement temporaire. C’est souvent la première étape avant l’entrée définitive en maison de retraite. C’est plus facile de convaincre une personne âgée avec le séjour temporaire. Votre proche sait qu’il va rentrer chez lui à la fin du séjour. Si le séjour se passe bien et que votre parent s’est bien adapté alors l’entrée définitive sera envisageable. `
L’être humain est résilient. En général, une personne âgée s’adapte bien et rapidement à son entrée. Le plus difficile est de le convaincre d’y entrer. Une visite, un accueil de jour, ou un séjour temporaire sont des solutions idéales pour balayer les préjugés.
Soyez positif en visitant les maisons de retraite.
Montrer votre enthousiasme. Dans le cadre d’une visite, prenez des photos, mesurer la chambre ou le studio. Visualiser la pièce avec les meubles de votre proche et sa décoration. Montrer le même niveau d’enthousiasme que vous auriez si votre parent emménageait dans une nouvelle maison. Parce que, c’est exactement ce que votre parent s’apprête à faire. Ne l’oublier pas, cet emménagement n’est pas la fin. C’est une nouvelle étape dans la vie de votre proche. Il aura encore de beaux et nombreux souvenirs à se créer dans la maison de retraite et vous aussi quand vous lui rendrez visite.
Impliquer une troisième partie pour apaiser les conflits.
Nous écoutons parfois le moins les personnes qui nous sont le plus proches. Comme évoqué plus haut, surtout les parents avec leurs enfants. Vos parents vous ont toujours guidé dans votre vie, vous ont éduqué. Il leur est alors difficile de voir les rôles s’inverser. Ils détestent être infantilisés. Une troisième partie peut alors s’avérer utile. Une personne neutre qui regardera la situation avec le recul nécessaire.
Essayer d’impliquer dans le processus un ami de la famille, le médecin généraliste ou même le prêtre si votre parent se rend à l’Eglise ou tout autre lieu de culte. Il sera alors plus facile pour votre proche d’entendre les conseils venant de la part d’une personne extérieure.
Vous pouvez même essayer une médiation familiale. Cette dernière peut aussi s’avérer utile lorsqu’il existe des désaccords sur les décisions à prendre pour votre proche au sein d’une fratrie.
Pour conclure cet article, Vous seul connaissez votre parent mieux que personne, alors mettez en lumière les aspects qu’il appréciera pour le convaincre.
La dernière étape consiste à laisser mûrir le projet. Malheureusement, la plupart des aidants doivent attendre une énième chute ou un problème de santé pour que leur proche prenne de lui-même la décision d’emménager en maison de retraite. Mais, chaque personne est différente. Le plus important dans ce processus d’acceptation est la patience. En attendant, nous vous conseillons de lâcher prise et de profiter de moments de qualité avec votre parent. Bien que sa perte d’autonomie soit une source d’inquiétude majeure, il serait dommage de parasiter votre relation à cause de tensions liées à son refus d’emménager dans un établissement adapté. Essayer de trouver des compromis et d’aménager au mieux son lieu de vie pour que sa sécurité ne soit pas compromise.
Si votre proche souffre de trouble de la mémoire, ils ne seront pas conscients de leurs propres limites et dépendance et préfèreront rester chez eux. Malheureusement, dans ce cas, aucune négociation ou stratagème ne permettra à votre proche de changer d’avis. Il conviendra alors de vous tourner vers des procédures de protection comme la tutelle.
Bonjour à tous, nous vous attendons dans les commentaires. N’hésitez pas à partager vos retours d’expériences sur le sujet. Quelle est votre situation? Qu’est-ce qui bloque le placement de votre parent en maison de retraite? Avez-vous trouvé une solution alternative? Bonne journée, l’équipe Renée Andrée